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 L'allégorie du bouton

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Le Cornichon Masqué
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MessageSujet: L'allégorie du bouton   L'allégorie du bouton EmptySam 8 Avr - 20:10

Un petit texte allégorique écrit en août et inspiré par les problèmes des adolescents, tant physiques que psychiques...

Depuis quelques matins, tu le soupconnais, lorsqu’en te carressant le front, tu frôlais une petite cloque ronde. Au fil des allers-retours de ta main, tu as découvert que cette cloque se transformait en boule. Ton entourage regardait d’un air navré ta face. Un beau matin, tu es allé devant ton miroir et tu as dû te rendre à l’évidence : tu avais un immense bouton au milieu du front. Comparer ce bouton à un bouton d’acné normal revient à comparer le nez de Cyrano et le tien. C’est dire s’il est immense.

En regardant ce bouton, tu te dis : bof, c’est l’adolescence ! C’est normal, à ton âge ! On en trouve des tas, comme toi ! De toute façon, il faut se dégonfler de lui-même, et il n’y paraîtra plus ! De surcroît, si tu as déjà eu des éruptions de ce genre avant, tu te diras que tu as en déjà vu des vertes et des pas mûres, sans gravité aucune. En fait, tu es sujet à ce genre de crasses depuis que tu es tout petit !

Mais que dis-tu lorsque ce bouton, au fil du temps, ne diminue pas, et qu’il continue à grossir ? Tu as alors deux choix devant toi : l’accepter ou t’en plaindre.

Si tu l’acceptes, c’est à tes risques et périls. D’abord, tu vas tenter de détourner l’attention de ton front déformé en changeant ta coupe de cheveux, en adoptant un look extravagant ou en grossissant ou en maigrissant. Erreur : tu auras beau avoir un joli minois, ton bouton sera si énorme qu’il t’enlaidira. Regarde-toi : ça se voit comme ton nez, ce bouton ! De plus, avec un peu de chance, tu crâneras en exhibant ce bubon, en te disant que tu as atteint la puberté, et qu’en voici la preuve parfaite ! Seconde erreur, et en croyant avoir atteint la normalité, toi qui avais si peur de ne pas avoir des preuves de ton adolescence physique, tu révèles une âme de mégalomane : tu te prenais comme un surhomme pour ne pas avoir le même cycle que tes camarades ? Et enfin, tu vivras avec ton bouton : tu commenceras même à l’aimer, et à penser que tu es très bien comme ça ! Quand un dermatologue passera te voir, tu cacheras même ce bout de chair disgracieux, de peur qu’on ne l’enlève et qu’on te chamboule la vie ! Malgré tes efforts, tu seras dégoûté et tu commenceras à te plaindre.

Si tu t’en plains et que tu demandes conseil auprès de tes amis pour ne plus avoir ce bouton sur le front, tu prends un autre mauvais chemin : en fait, il n’y a que des mauvais chemins. Ceux que tu n’auras pas fait fuir par ce bouton affreux ou par tes plaintes quand à cette boule de chair, car ils auront assez d’écouter tes brames, ils se prendront pour des Mère Teresa d’opérette, en voulant t’aider à accepter ce bouton. Non seulement ils n’arrivent certainement pas à soigner leur propre acné, mais ils ne feront que te répéter les mêmes choses : ils te feront accepter quelque chose d’aussi anormal qu’un énorme bouton au milieu du front. Je ne doute pas qu’ils aient de bonnes intentions, qu’ils soient tes amis, qu’ils t’apporteront une aide nécessaire le temps de te soulager : mais en croyant faire le bien, ils ne feront que le mal. Ils te ramèneront à l’acceptation.

Sauf dans certains cas, où les amis sont assez éclairés, ton bouton ne dégonflera pas. Un jour viendra où tu auras assez de courage, un courage que très peu arrivent à trouver, et que nul ne doit mépriser, pour te sortir de ce cycle infernal. Tu te décideras à aller voir un dermatologue. A défaut, des amis plus âgés que toi, qui ont déjà connu ces problèmes de peaux, à degrés divers. Tu devras leur parler du tout pour qu’ils trouvent une solution à ton problème : ce que tu faisais avant l’apparition de ce bouton, les causes présumées de l’infection, son évolution, ta réaction face à cette difformité, ce qui t’a poussé à aller voir, etc…Des fois, peut-être parce que le stress détraque ton corps, ce bouton dégonflera durant tes séances de discussion…Mais souvent, il n’y aura qu’un seul remède : crever le bouton.

Ce sera douleureux, je peux te l’assurer. Tu vas chanter, c’est sûr : tant de sébum accumulé durant autant de temps va te jaillir sur le visage dans un déluge de sang, de pus et d’autres substances peu ragoûtantes. Je te dis ça parce qu’après la mort de ton bouton, rien ne sera jamais plus comme avant. Tu apprendras à te prémunir contre ces boutons, mais d’autres, plus virulents, viendront. Quand je dis que ce sera douloureux, j’ai raison : pendant ou après l’opération, en sentant l’aiguille percer ta peau boursouflée, tu regretteras même le temps où les filles fuyaient en voyant ton front. Tu auras peut-être des remords vis-à-vis de ton ancienne cohabitation avec ce bouton. Ou peut-être que tu seras meilleur. Peu nombreux seront ceux qui auront le courage de te faire subir une horreur pareille : tu seras peut-être obligé de le faire toi-même, ou de demander à des gens méchants de le faire pour toi. C’est un choix qui t’appartiendra. Mais fais-le vite, avant qu’il ne soit trop tard.

Car, des fois, l’acné ne disparaît pas avec l’âge adulte. Des adultes ont le front marqué à vie par ce bouton disgracieux.

Donc, dès que tu sens que ce bouton apparaît, perce-le avant que ce ne soit trop douloureux.

Voilà.

C’était une allégorie.

Vous pouvez remplacer le mot « bouton »par « dépression ».
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